C’est l’histoire de neuf femmes. Neuf histoires de corps. De la relation plus ou moins compliquée que l’on partage avec. De ces complexes qui nous tracassent, que l’on cache. De ces corps qui changent avec le temps, qui vieillissent. De nos souvenirs, de comment on se voit et comment l’autre nous voit. De la séduction de laquelle on joue pour plaire aux yeux des autres. La protection du lit où l’on peut juste être tranquille avec ce corps.
Les corps changent doucement, très lentement, parfois plus vite. On ne le remarque pas forcément au quotidien, on le sent plutôt. Le temps s’écoule et les corps se marquent, se redessinent, se creusent ou s’élargissent. On ne peut qu’observer ces changements. Les accepter ou du moins essayer.
Ça fait peur un corps qui change. On se demande s’il va redevenir le corps d’avant ou si sa métamorphose est définitive. On peut tricher aussi un peu, mais le temps inévitablement le modifie. Les complexes aussi évoluent. Ils ne sont pas exactement les mêmes qu’hier ni ceux de demain. On peut les utiliser pour se battre contre son corps ou les ignorer pour se réconcilier avec celui-ci, l’aimer un peu plus pour enfin se sentir bien avec soi.
Tous les jours, nos corps peuvent nous servir à séduire. Pour plaire aux autres, pour être acceptées socialement. Pour se sentir intégrées, pour que l’on s’intéresse à nous. Cela se fait de manière plus ou moins consciente, tout dépend de qui est en face de nous. Avec la manière dont on se met en valeur : quels habits vont parer nos corps pour se sentir belles, quel maquillage, quelle coiffure, quelle parure ? Les vêtements sont notre armure, le maquillage notre peinture de guerre, les coiffures notre couronne, les bijoux notre parure. Avec, on se sent capable d’affronter le regard des autres. A chaque événement, rencontre, échange, on se cache derrière un masque, derrière la séduction. Camoufler ses complexes, ses doutes, ses peurs, pour se donner du courage, pour que l’autre ne voit que le beau.
On a toutes un endroit, un cocon où l’on se sent protégées. A l’abri de l’autre. Dans notre lit, notre corps n’est plus un poids. Dans notre lit, nous regardons notre corps, nous lui parlons, nous le touchons, l’étirons, le mettons en boule, en rigolons quelques fois. Les complexes se font oublier. Dans notre lit nous sommes nous-mêmes, seules avec notre corps. Dans notre lit nous faisons tomber les masques, nous ne faisons plus qu’une. C’est notre monde, notre royaume. Nous y recherchons de la solitude, du réconfort, du calme, des caresses. Ce monde c’est notre odeur, nos rêves, nos cauchemars, nos hontes, nos crainte, nos folie. C’est toutes les histoires que l’on se raconte, la nuit comme le jour. Ce sont nos draps où l’on se cache pour s’oublier. Ce sont des souvenirs, des autres, à qui nous avons permis de venir un moment partager une partie de ce monde. Des souvenirs qui sont jolis, d’autres plus sombres. Dans notre lit tout est possible, nous pouvons être tout. Nous pouvons n’être rien. On s’invente avec son corps. On est forte et faible et on s’autorise à juste être.
Dans – Des Corps – Justine Jo propose un regard sur la relation que l’on a avec son corps. Tout part d’elle, de comment elle vit au quotidien avec lui, de manière plus ou moins compliquée. Elle a choisi de le mettre en images à travers le prisme de neuf femmes de tout âge, de parler de cette relation à travers elles.
Tout commence avec les photos dans leur lit – leur intimité. Pour qu’elles se sentent en confiance, elle leur propose de prendre l’appareil et de devenir à son tour leur modèle. Elles échangent leurs rôles. Une intimité se crée. Neuf femme se dévoilent, se mettent à nu. Justine Jo n’est que le médium qui capture leur lien au corps. Elle prend leurs complexes et les transfert sur son propre corps.














